L’année 2025 célèbre le centenaire de la naissance de Jean Tinguely. La programmation culturelle et artistique élaborée par François Taillade, directeur de l’Association Le Cyclop, associe l’histoire de la construction du Cyclop aux créations contemporaines des artistes invité.e.s.
Ces œuvres poétiques et politiques, imaginées pour certaines par les artistes en résidence au Cyclop, feront se répondre sculptures et performances. De ces œuvres s’écouleront des fluides, de la fumée, une gestuelle ou encore une parole engagée sur notre monde, son environnement et enfin… le bruit des oiseaux pour laisser la voix à ceux qui réenchantent le monde.
Du métal, du bois, du verre soufflé, du mouvement de machines, de corps, des chants et des cris qui annonceront cet anniversaire retentissant : Æterna Flux.
Dès le chemin qui mène vers le Cyclop, les bruits des "sifflets de la mort aztèques", à vous réveiller le squelette, donnent la tonalité de cette exposition-anniversaire. Jaguar*, tout juste diplômée de l’École des Beaux-Arts d’Aix-en-Provence (l’ESAAIX), imagine cette introduction comme un passage dans le trouble dans lequel on peut transformer la réalité, inventer de nouvelles temporalités. Elle donnera une performance le samedi 17 mai à 20h30, entraînant le public vers d’autres mondes, d’autres dimensions. Jaguar aime à brouiller les frontières entre le réel et le fictif « pour faire émerger des histoires atmosphériques de lapins moléculaires et de chiens grottes, de rencontres à fabriquer, à rendre possibles par des actes magiques ».
De l’artiste suisse Bernhard Luginbühl (1929-2011), l’un des amis les plus chers de Jean Tinguely, qui a considérablement contribué à la création et à l’édification du Cyclop, sera présentée l’œuvre Boss II. Elle est la pièce angulaire de cette exposition-anniversaire, une courroie additionnelle entre le caractère patrimonial du site du Cyclop et son activité de Centre d’art. Boss II rend hommage à l’amitié entre ces créateurs, à l’origine de la construction de ce chef d’œuvre collaboratif, qui permet aujourd’hui à de nouveaux artistes de s’exprimer.
Antoine Nessi* a composé l’œuvre « Nourrice » long corps sculptural en métal mi-organique mi-industriel à consonnance fortement politique et qui distille un liquide blanchâtre semblable à du lait. Elle pourrait être une allégorie d’un nouveau corps social pris en étau dans une machine agroalimentaire qui aspire, avale et rejette les corps nécessaires, animaux et humains, à son fonctionnement, à la fois ceux qui produisent et ceux qui consomment, où les uns et les autres sont pris dans une même difformité.
Cette œuvre a été réalisée avec le soutien de la Casa de Velázquez.
En arpentant les bois de Milly-la-Forêt, les yeux et les mains d’Haena Yoo* se sont arrêtés sur plusieurs morceaux de bois, de troncs, de souches, qu’elle a ensuite creusés, pour y composer des moules. En collaboration avec la Verrerie d’art de Soisy-sur-École, elle a réalisé des sculptures intégrant des pièces en verre soufflé. Son installation associe les bois calcinés par la fusion du verre – le moule devient ainsi œuvre – et les verres soufflés. Dans ces derniers, des macérations d’herbes médicinales, dont l’artiste a le secret, s’élèvent en volute de fumée dès que l’on s’en approche.
Denis Savary est invité à rejouer une performance créée au Cyclop en 2013, « Étourneaux ». C’est une pièce intimement liée à la propagation de « l’Ursonate », une poésie sonore en quatre mouvements, gutturale et syncopée de Kurt Schwitters. Jean Tinguely a lui-même rendu hommage à cet artiste hors norme dans Le Cyclop. Avec le concours des Chanteurs d’Oiseaux, Johnny Rasse et Jean Boucault, Denis Savary s’approprie la rythmique de « l’Ursonate » pour la restituer par des sifflements d’étourneaux, une performance à voir et à écouter le samedi 21 juin à 20h30.
Cette œuvre fait aujourd’hui partie de la collection du Centre national des arts plastiques (Cnap).
Performeuse suisse, Pamina de Coulon*écrit des textes qui, comme elle le dit elle-même, « ne sont pas faits pour être dits mais pour être lus ». Son travail de performance est militant, féministe, écologique, il engage son corps, sa voix, son flux et sa pensée qui vogue dans une transdisciplinarité, sur la complexité du monde, de l’univers, de la hiérarchie des savoirs, pour mieux renverser cette hiérarchie. Elle nous restituera une étape du travail de sa nouvelle performance « Fire of Emotions : Maledizione » le samedi 27 septembre à 20h30.
Saison 2025 du 5 avril au 2 novembre 2025
17 mai: performance de Jaguar
21 juin: performance de Denis Savary et des Chanteurs d'oiseaux
27 septembre: performance le 27 septembre
* artistes en résidence en 2024 et 2025 au Cyclop.